Jour 7

Du génocide à la résistance pacifique


  
Ce matin, accompagnés de deux femmes indiennes, nous nous rendons au Centre Culturel Maya de Chajul qui appartient à une association qui nous permet de nous immerger dans cette région : Fundamaya. Une des deux femmes, Magdalena, nous apprend que ce centre culturel est construit sur un ancien campement militaire.

Elle nous amène au bord d’une fosse commune dans laquelle ont été enterrés clandestinement 36 indiens victimes de massacres. La famille et les amis de ces victimes ont étaient forcés par les militaires d’enterrer les membres de leurs familles.
Afin de reconnaître les corps et de les rendre à leurs familles, ils ont fait appel à des anthropologues qui procèdent à une reconnaissance des corps par les vêtements ou en dernier recours par test ADN. Cette exhumation n’est que très récente pour cause de lourdes démarches administratives. Il a fallu trente ans aux familles des victimes pour pouvoir avoir l’autorisation d’exhumer les corps.Tous les 1er novembre, lors de la Fête des Morts,  des familles viennent se recueillir auprès de la fosse commune accompagnées de prêtres Mayas et chrétiens à différentes heures de la journée.

Elle nous montre également que ce campement militaire a été construit sur un ancien site sacré Maya.



Dans l’après-midi, pour nous rendre à la cascade de Chichel, nous sommes soudainement arrêtés par un barrage tenu par des hommes de la commune. L'un d'eux monte dans le bus. Il se présente ; il s’appelle Baltazar et est le leader d’un mouvement communautaire qui se bat contre une entreprise multinationale italienne appelée ENEL. En effet, ce village est riche en ressources d’eau, et de ce fait, sa population profite gratuitement de celle-ci, si indispensable.














L’entreprise ENEL exploite cette eau afin de construire des barrages pour produire de l’électricité. Cette entreprise qui traite directement avec les fonctionnaires locaux est accusée par les villageois de ne pas les avoir consultés. Elle fait des promesses de développement mais ne fait que détruire leur milieu naturel sans aucune contrepartie. Cette population s’est organisée depuis le 2 janvier 2011 et bloque la route de San Felipe afin d’empêcher l’entreprise d’accéder au site : c’est la seule manière pacifique qu’elle a trouvée pour manifester son mécontentement. Depuis ces manifestations, des menaces de mort et de répression se sont multipliées envers les indigènes. Par exemple, un des leaders qui lutte contre ces entreprises risque d’être emprisonné juste parce qu’il veut que leurs droits soient respectés.

Il termine en disant qu’à travers nous, ce message pourrait être transmis.


Après avoir pris connaissance des divers problèmes rencontrés par cette communauté, nous allons à la rencontre d'un des "maires indigènes" de ce village : Concepcion Santai Gomez.


En effet, dans certaines villes à forte majorité indienne du pays, il existe, en plus de la mairie étatique, une "alcadia indigena" (mairie indigène) constituée par 4 titulaires qui se relaient suivant le calendrier maya, quatre suppléants ainsi que douze conseillers.

Il nous éclaire sur son rôle : « Notre politique existe depuis l’ère précolombienne, notre rôle est de faire régner la justice et de maintenir le bon équilibre de la nature. »
Leurs procédés sont simples : ils essaient de résoudre les divers problèmes au sein de la communauté de manière graduelle selon la gravité. Ils essaient tout d'abord de trouver un arrangement à l'amiable qui peut s'accompagner de travaux d'intérêts généraux . Si le cas est plus grave, la personne incriminée est humiliée sur la place publique, le châtiment pouvant aller jusqu'à une peine de flagellation au fouet.


Ainsi, le regard plein d’émotion, ces militants espèrent que notre travail permettent de transmettre leur message.


Articles écrits par Raphaël, Tamara, Cathy et Tarik.
Photos : Tamara.


3 commentaires:

Véronique et Danilo a dit…

BRAVO aux élèves pour le blog, pour vos interventions sur le mouv'. Tout ceci est très très enrichissant!

Un grand BRAVO également à toutes les personnes qui se sont impliquées dans ce projet humaniste et en particulier aux professeurs qui en ont eu l'initiative.

Au plaisir de continuer à suivre vos aventures au pays des Mayas!

Pâris Joêlle a dit…

Bravo pour vos articles souvent touchants, vos photos si colorées....Nous avions un peu l'impression de vous suivre pas à pas!

Anonyme a dit…

Merci pour ce voyage à la fois magnifique pour les yeux (sites grandioses, couleurs solaires, traditions ancestrales, regard souriants et profonds des mayas)

un voyage semble t-il riche d'enseignements, et pas seulement culturels !

plus qu'un échange, une aventure humaine pour ces élèves du 93 qui auront toujours en mémoire ces gens du monde, anonyme mais si marquants.

Ces lycéens nous ont fait découvrir une communauté, un peuple, épris de tradition, digne dans la façon où il surmonte leur quotidien et courageux dans leur combat contre l'oubli.

Soucieux de leur descendance, de leur environnement vitale, un peuple digne, plein d'espoir, en atteste leur démarche d'appel à l'aide !

c'est émouvant et plein d'espérance !

merci pour eux ! et merci à ces "apprentis reporters" qui ont rempli pleinement leur mission.

Jean-Pierre B.