Jour 1

Energie du chemin à Chimaltenango

« Nous ne sommes pas des mythes du passé, des ruines dans la jungle ou dans les zoos. Nous sommes des gens et nous voulons être respectés, et non victimes d'intolérance et de racisme » Rigoberta Menchu, Prix Nobel de la Paix 1992

           

Nous sommes à quelques dizaines de kilomètres d'Antigua pour notre premier rendez-vous dans un quartier résidentiel insolite de Chimaltenango. Un gardien armé surveille l'entrée du quartier, des maisons en construction succèdent à des bâtisses luxueuses ceinturées de barbelés et des chiens errent dans les rues poussiéreuses.

La raison qui nous a poussé a y venir est la rencontre avec des membres de l'association Uk'u 'x B'e "Energie du chemin", Marta Matzir et Domingo Hernàndez. Le but de cette association est d'aider le peuple Maya, d'informer les communautés et la population en général et de former des responsables, des militants et des leaders.

Domingo nous rappelle que le territoire Maya couvrait un espace très vaste qui allait du sud du Mexique jusqu'au Honduras en passant par le Guatemala. Il y a plus de 500 ans ce territoire a été conquis par les Espagnols et cela a eu pour conséquence la désorganisation complète de la société traditionnelle maya. Aujourd'hui ils vivent toujours cette situation de domination coloniale. En effet 80% des terres sont possédées par 12%  des propriétaires. De plus de 1960 à 1996, il y a eu une guerre entre le gouvernement militaire et la guérilla dont les indiens furent les principales victimes. Domingo a d'ailleurs parlé de génocide :

- 600 villages ont été détruits par l'armée.

- 100 000 personnes ont disparu et l'on compte 1 million de déplacés (notamment vers les USA et le Mexique).

"La société maya a été désorganisée et le lien  avec la Terre-mère a été rompu" poursuit Domingo.

Cependant, selon lui, trois problèmes demeurent:

-l'appartenance de la terre

-le racisme

-l'exploitation économique des travailleurs les plus pauvres qu'ils soient Indiens ou Ladinos (non indiens).

Ces problèmes, à l'heure actuelle, ne se sont pas améliorés, la situation s'étant  même aggravée selon Marta car le racisme et l'exploitation continuent. Les Mayas demeurent toujours marginalisés et ne sont pas du tout pris en compte par le gouvernement qui serait, d'après les membres de cette ONG, au service uniquement d'une minorité "ladina" et des multinationales.

Marta évoque plus particulièrement le droit des femmes indigènes qui se retrouvant seules à la mort de leurs maris sont obligées d'assumer de lourdes responsabilités. Elles transmettent à leurs enfants les raisons de leur lutte et beaucoup d'entre elles payent de leur liberté cet engagement pour la cause du peuple Maya.

A l'heure actuelle le problème essentiel est lié aux multinationales qui exploitent les terres des indigènes au mépris des valeurs communautaires des Indiens et de l'équilibre écologique (mines d'or, centrales hydroélectriques,...).

 Marta et Domingo nous ont demandé de porter à l'extérieur leur témoignage sur ces problèmes. Beaucoup d'ONG internationales soutiennent leur lutte qui est de plus connue et la spiritualité maya est de plus en plus étudiée et objet d'intérêt. A notre question sur la prétendue fin du monde en 2012 selon le calendrier maya, Domingo, après avoir souri, nous a expliqué que selon les Mayas tout est chemin et que 2012 pourrait donc être un renouveau porteur d'espoir.

En effet, ils interprètent les dérèglements de la nature (tremblements de terre, cyclones, tsunamis) comme des cris d'alerte de la Terre-mère malade et ils pensent que les Mayas pourraient avoir des alternatives à apporter pour une meilleure harmonie et un développement durable de la planète.

Il faut avoir confiance dans l'énergie du chemin...

Article écrit par Nour, Oweiss, Rida et Zohra.

Photos : Rida